Réflexions franches pour célébrer la Journée internationale des femmes
Le thème de la Journée internationale des femmes (JIF) de cette année, Accélérer l’action, nous appelle à prendre des mesures rapides et décisives pour atteindre l’égalité des genres. Il nous rappelle que les femmes continuent de faire face à des barrières systémiques et à des préjugés, tant dans leur vie personnelle que professionnelle, mais l’avenir est prometteur.

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, le Comité des langues officielles et le Forum des avocates sont fiers de partager quelques réflexions pour souligner le rôle des femmes dans la profession juridique. Le thème de la Journée internationale des femmes (JIF) de cette année, Accélérer l’action, nous appelle à prendre des mesures rapides et décisives pour atteindre l’égalité des genres. Il nous rappelle que les femmes continuent de faire face à des barrières systémiques et à des préjugés, tant dans leur vie personnelle que professionnelle, mais l’avenir est prometteur.
Moments dans la journée d’une étudiante en droit
Je me trouve à un énième événement de réseautage, dernier sprint dans cette course effrénée vers l'embauche. Après avoir enchaîné entretiens et « coffee chats », il ne me reste plus qu'une étape : me frayer un chemin à travers cette foule, réseauter avec avocats et associés, et espérer suffisamment marquer leurs esprits pour être parmi les premières appelées le jour des offres. J’identifie ma première cible : un associé d’un certain âge dont la pratique m’intéresse. Nous engageons une conversation en anglais, mais mon esprit s’emballe : « Ai-je bien prononcé ? Mon accent me trahit-il ? Vais-je paraître moins capable que mes camarades anglophones ? »
Des conversations que j’ai pu avoir avec d’autres étudiantes francophones, ce type d’inquiétude est partagé. Les événements de réseautage dans le cadre des processus de recrutement structuré peuvent être particulièrement anxiogènes pour les jeunes femmes francophones. En plus de l'anxiété linguistique que beaucoup d'entre nous ressentons lors de ces évènements de réseautage, nos différences culturelles font que nous avons de la difficulté à nouer des liens avec certains avocats hommes et anglophones. Or, ces liens peuvent faire la différence entre un appel le jour des offres et un téléphone silencieux.
Au détour d’une conversation, une camarade m’a fait remarquer : « L’attitude qu’on attend des étudiants dans ce type de réception est une attitude d’« homme blanc anglo », ce qui ne correspond pas à ma personnalité. C’est vraiment dommage que cela puisse jouer lors du processus de sélection ». Force est de lui donner raison : la plupart des jeunes femmes francophones n'ont pas les mêmes références, expériences de vie ou comportements que les hommes anglophones. Mais ce lien d’amitié, ce sens de camaraderie, est-il réellement un critère pertinent pour l’embauche d’un·e étudiant·e d’été ? Nos caractéristiques—jeune âge, identité de femme et francophonie—nous distinguent certes de la majorité des avocats en pratique privée, mais ces traits font partie intégrante de nos personnalités et représentent une force indéniable. Ils nous offrent une perspective nouvelle et différente, et sont un atout pour n’importe quel cabinet. J’enjoint donc les étudiantes francophones me lisant à se rappeler : vos identités multiples, votre diversité et votre francophonie sont une force, et ne devraient pas être une source d’anxiété mais de fierté.
Empreintes des femmes dans la transformation de la profession grâce aux technologies
Lors d'une autre conférence animée remplie de professionnels qui discutent de la manière dont les technologies émergentes révolutionnent la vie, les soins de santé, les finances et même la profession juridique, la conférence progresse vers les nouvelles façons de tirer parti de la technologie pour améliorer les services à la clientèle, optimiser les processus juridiques complexes et contribuer à un système de justice plus efficace et accessible. Malgré une sous-représentation historique, les avocates et les entrepreneures sont maintenant à l’avant-garde des innovations technologiques. Elles contribuent de plus en plus à la transformation de la profession juridique en favorisant l’innovation et en favorisant l’utilisation éthique et responsable de la technologie. Les femmes militent pour l’égalité des genres dans l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), soulignant par exemple l’importance du recrutement inclusif et du soutien organisationnel pour s’assurer que les femmes ne soient pas désavantagées dans la révolution de l’IA.
Bien que les femmes représentent 47% de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne, leur représentation dans le secteur des technologies, y compris les technologies juridiques, demeure inférieure à 30%. Cette disparité a persisté au cours de la dernière décennie, comme le souligne un rapport du Conseil des technologies de l'information et des communications (CTIC). Le rapport, qui s’appuie sur les points de vue d’experts et un sondage auprès des employeurs de l'économie numérique, identifie les principaux défis et opportunités pour améliorer la diversité des genres dans la technologie. Relever ces défis est essentiel pour un avenir juridique plus inclusif et équitable.
Défis de l’équité salariale
En tant que membre du Comité sur l’équité salariale du Forum des avocates de l’Association du Barreau canadien en 2020-21, présidé par la pionnière Sabrina Bandali, j’ai pris pleinement conscience de l’ampleur des inégalités salariales au sein de la profession juridique. J’ai également constaté que l’écart salarial entre les genres est encore plus prononcé pour les femmes confrontées à de multiples obstacles, notamment les femmes racisées, autochtones et handicapées.
Mais ce n’est pas tout. Plus récemment, j’ai découvert, par le biais d’un rapport de 2024 intitulé Comprendre l’écart de pension entre les sexes au Canada, publié par le Bureau de l’équité salariale de l’Ontario en collaboration avec Dr. Elizabeth Shilton, que les femmes au Canada également font face un écart de pension. Ce rapport révèle que la différence de revenu combiné provenant du système de retraite à trois piliers du Canada (SV/SRG, RPC/RRQ et pensions privées) « est actuellement d’environ 17 %, ce qui signifie que, pour chaque dollar de revenu de retraite perçu par les hommes, les femmes n’en perçoivent que 83 cents. » Ce qui est encore plus alarmant, c’est que cet écart n’a pratiquement pas évolué depuis près de 50 ans, malgré l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail et l’amélioration de leurs revenus. Accélérer l’action, en effet !
Néanmoins, je continue de puiser mon inspiration dans les femmes qui m’entourent, et c’est ce qui me motive chaque jour. Malgré les barrières systémiques et les préjugés auxquels elles sont confrontées, elles restent engagées à faire bouger les choses, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour celles et ceux qui les entourent. Alors, comment y parviennent-elles ? Quel est leur secret ? L’une des messages clés que j’ai retenus lors d’une récente conférence sur le leadership féminin à laquelle j’ai assisté ce mois-ci est que tout changement commence par une transformation personnelle. Dans le contexte du thème de la JIF de cette année, la première étape consiste à croire en nous-mêmes et en notre capacité à apporter un changement positif. Des défis et des obstacles se présenteront, c’est sûr, mais nous devons cesser d’avoir peur d’échouer, car chaque difficulté surmontée nous forge et nous rend plus fortes.
Vers une majorité de femmes juges à la Cour Suprême du Canada
En novembre 2023, la Cour suprême du Canada a atteint une étape historique avec la nomination de la juge Mary T. Moreau, faisant d’elle la première femme à siéger dans une majorité féminine à la plus haute cour du pays. Ancienne juge en chef de la Cour du Banc du Roi de l’Alberta, la juge Moreau a rejoint les juges Karakatsanis, Côté, Martin et O’Bonsawin, établissant une composition de cinq femmes et quatre hommes. Cette évolution marque un progrès important vers une meilleure représentation des femmes au sein du système judiciaire canadien. Elle illustre également les changements sociaux plus larges qui permettent aux femmes d’accéder à des rôles de leadership dans un domaine longtemps dominé par les hommes.
Une majorité de femmes à la Cour suprême apporte de nombreux avantages, tant pour le système judiciaire que pour la société canadienne en entier. Une diversité accrue au sein de la Cour permet d’intégrer une gamme plus large de perspectives, garantissant des décisions plus équilibrées et représentatives des réalités vécues par l’ensemble de la société. Plusieurs études ont démontré que la diversité au sein des instances ayant un pouvoir décisionnel important améliore la qualité des jugements. De plus, une magistrature qui reflète la diversité de la société renforce la confiance du public dans le système judiciaire et en améliore l’accessibilité. Enfin, cette avancée constitue une source d’inspiration pour les futures générations de femmes juristes, les encourageant à viser des rôles de leadership et de ne pas céder à l’idée que ces rôles sont réservés pour les hommes. Cette composition historique souligne l’importance de l’égalité et de la représentation pour assurer une justice plus équitable.
Le Comité des langues officielles et le Forum des avocates unissent leurs forces pour vous offrir un événement engageant et perspicace qui plongera dans les parcours réussis des avocates francophones vers le pouvoir. Demeurez à l'affût d'un événement collaboratif à ne pas manquer cet automne 2025!